L’éco-conception est un ensemble de petites pratiques au service d’un projet, qui permettent de limiter au maximum son empreinte écologique et d’aller vers plus de respect de l’environnement. Pour cela chaque petite action compte. En graphisme il est également possible d’être plus éco-responsable, et notamment dans le choix des couleurs !
Oui mais alors qu’est ce que c’est une éco-couleur ? Nous allons répondre à cette question dans la suite de cet article. Mais pour commencer à te donner une idée, il s’agit donc d’une couleur plus éco-friendly plus respectueuse de l’environnement. Comment une couleur peut-elle être écolo nous diras-tu ? C’est surtout dans le domaine du print que l’on peut parler de couleur écologique, en effet, on favorisera des choix de couleurs qui permettront d’utiliser moins d’encre à l’impression (on parlera ici de taux d’encrage), mais aussi moins de produits polluants.
Une réflexion en amont du projet
L’idée, avant de penser à tes éco-couleurs est aussi de voir le projet graphique dans son ensemble, et réfléchir à l’impact écologique dès sa conception. Par exemple, un logo épuré et sans aplat de couleur consommera moins d’encre s’il doit être imprimé. Pour les impressions de flyers, de cartes de visites et autres supports, pense aussi à te poser la question de leur véritable utilité pour ton entreprise ou ton.ta client.e. Tu peux bien sûr conclure que les supports papier seront utiles à la stratégie, dans ce cas, essaye peut-être de réduire les quantités et d’être au plus proche de ton vrai besoin 🙂
L’impression d’une couleur : comment ça se passe ?
1. RVB vs CMJN
En conception graphique, lorsque l’on parle de couleurs nous avons deux principaux modes de colorimétrie : le RVB et le CMJN.
RVB (ou Rouge Vert Bleu), c’est le mode utilisé pour afficher les couleurs sur des écrans, on utilisera donc ce mode de couleur pour des créations purement numériques, pour des sites web, les reseaux sociaux… À l’inverse le mode CMJN (Cyan Magenta, Jaune, Noir) est celui que l’on utilise pour l’impression. On obtiendra donc les teintes voulues sur papier grâce au mélange de ces 4 couleurs principalement.
Dans la pratique, lors de l’impression, cela se fait “par couche” on peut imaginer 4 gros pots de peintures qui déposent de la peinture sur le papier, tour à tour, pour obtenir le résultat final de ton impression.
Tu comprends déjà que moins l’on dépose de peinture, moins l’impression est gourmande en encre, on est donc dans une démarche plus éco-responsable ! On t’explique comment mesurer cela un peu plus bas.
2. Les encres végétales
Lors de ton choix d’imprimeur tu peux aussi te tourner vers un imprimeur éco-responsable qui utilise des encres végétales. Elles sont moins toxiques que les encres classiques et utilisent des huiles végétales (à base de soja, de tournesol ou de graines de lin par exemple) plutôt que des huiles minérales pétrochimiques. Ces encres contiennent moins de solvants chimiques et émettent moins de COV (composés organiques volatiles) lors de l’impression. Ce qui n’est pas négligeable pour la réduction des émissions de CO2. Toutefois, certains pigments et accélérateurs de séchage, bien que biodégradable, sont des produits de synthèse non renouvelables. Ainsi aucune encre n’est 100% végétale et éco-responsable, mais chaque petite action compte!
Utiliser des couleurs plus écologiques : les éco-couleurs
C’est bien beau tout cela, mais comment on fait alors ??
Nous y voilà ! Comme on l’expliquait plus haut, à l’impression ce sont des couches de peinture apposées l’une après l’autre sur ton papier qui créent ton rendu final. Ce qui détermine la quantité de peinture déposée réside dans les pourcentages de cyan magenta jaune noir. Le total de ces 4 pourcentages que l’on appelle aussi taux d’encrage devrait être de moins de 100% pour que l’on puisse parler de couleurs éco-responsables. Les imprimeurs recommandent en général d’avoir un taux d’encrage inférieur à 300%, mais l’idéal serait d’être à 100% ou moins.
Regarde ici, pour obtenir ce orange nous demandons : 0% de cyan, 40% de magenta, 40% de jaune et 0% de noir.
Nous avons donc un taux d’encrage de 80% et donc moins d’encre utilisée, c’est tout simple !
On peut également jouer avec la densité d’une couleur. Par exemple si je veux imprimer du noir, le pourcentage classique sera C:0%, M:0%, J:0% et N:100%, cependant mettre un 80% de noir plutôt que 100% ne réduira en rien la lisibilité de notre document, mais on économisera de l’encre.
Voilà, comme tu le vois, pour obtenir des éco-couleurs c’est une question de dosage. Alors à toi : pense à tes petits pots de peinture et fais tes calculs ! Pour te faciliter la tâche, tu peux aussi télécharger ce petit guide avec la liste de toutes les couleurs dont le taux d’encrage est de 100% ou moins.
Qu’en est-il des couleurs pantone et des tons directs ?
Les pantones sont des couleurs dites “supplémentaires” issues d’un nuancier utilisé partout dans le monde dans les domaines de l’impression. Il en existe aujourd’hui plus de 3000 et elles sont identifiables grâce à des codes uniques. Des marques internationales (mais pas que) utilisent souvent des pantones pour s’assurer d’avoir une teinte exacte peu importe où l’impression sera faite dans le monde. Un imprimeur pourrait te demander une couleur pantone de façon à obtenir l’équivalence parfaite à ce que tu demandes, mais aussi à garantir un risque d’erreur bien moindre. Cela peut-être dans certains cas très utile et permet aussi de repousser les limites de la création.
Mais à la différence du CMJN, le pantone est une couleur physique qui est mélangée avant l’impression sur la base de plusieurs couleurs pouvant aller jusqu’à 18 couleurs ! Pour demander une couleur pantone il faut créer un ton direct dans ton document de travail et aller récupérer le code pantone via ce fameux nuancier aussi appelé “pantonier”.
Si te te souviens de l’histoire des pots de peinture, pour imprimer un pantone il faudra donc ajouter un cinquième pot de peinture que l’on obtiendra grâce à un mélange de plusieurs couleurs, cela signifie donc, beaucoup plus de peinture ! Un pot supplémentaire nécessitera également un nettoyage supplémentaire après l’impression (ce qui n’est pas nécessaire lorsque l’on ne fait que des impressions CMJN). S’en passer permet donc une économie considérable d’eau et d’énergie.
C’est le même procédé pour les couleurs dorées ou à effet métallique. Elles seront d’ailleurs encore plus difficiles à nettoyer ! Ton choix, là encore, dépendra de l’utilisation de ton ou tes documents et de la demande du/de la client.e.
Pantone et les métaux lourds
En plus de ces éléments, il s’avère que certaines nuances de pantones contiennent des métaux lourds nous avons donc toutes les bonnes raisons de les éviter en impression. Dans la mesure du possible bien sûr, l’important est de faire de son mieux.
Une fois encore pour te permettre de faire des choix éclairés on te propose ici la liste des pantones contenant des métaux lourds.
Voilà, tu as toutes les clés en main pour intégrer, si tu le souhaites, les éco-couleurs à tes créations graphiques.
Si tu dois imprimer des cartes de visites, des flyers ou autres affiches, n’hésite pas à mentionner que tu as utilisé des éco-couleurs, et des encres végétales si c’est le cas. Continuons d’en parler et de sensibiliser !
Nous espérons que cet article t’a plu, n’hésite pas à nous faire tes retours et à partager ces astuces autour de toi 🙂